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PAULINE MAROIS ET LE POUVOIR AU FÉMININ

Dernière mise à jour : 15 mars 2023

Lara Émond, Premières en affaires, 10 novembre 2020



 

Au lendemain des présidentielles américaines, Kamala Harris accède à la Maison blanche. Un symbole important pour beaucoup de femmes à l’heure où la diversité est un nouvel impératif de progrès social. Lara Émond s’est entretenue avec Pauline Marois pour parler de sa vision du pouvoir au féminin.


Comment les formations politiques doivent-elles encourager les femmes à briguer un mandat ?


ll faut avant tout constater le progrès extraordinaire lors de la dernière élection. En 2018, 42 % des élus à l’assemblée nationale étaient des femmes alors que nous étions en deçà de 30 % à la fin du précédent mandat. Il y a de quoi se réjouir ! Ottawa a encore beaucoup de chemin à faire avec 20 femmes pour 58 hommes qui représentent les circonscriptions du Québec.


Certains invoquent la nécessité de quotas, mais je n’en suis pas encore là. On pourrait imaginer que les formations politiques aient des comptes à rendre publiquement sur les moyens qu’elles utiliseront pour atteindre la zone paritaire qui se situe entre 40 % et 60 % de candidatures féminines.


L’élection de Kamala Harris est une nouvelle extraordinaire pour les États-Unis et pour le monde. Marie-Claude Lortie dresse un bilan intéressant des avancées pour les femmes dans une chronique récente. Au Québec, c’est un moment opportun pour faire pression sur les chefs politiques.

Collectivement, on doit aussi soutenir les organismes et les regroupements de femmes qui travaillent sur le terrain et proposent des activités de formation.


« Les femmes exigent trop d’elles-mêmes quand vient le temps de s’engager dans des fonctions politiques ou électives. »

- Pauline Marois


Dans votre biographie, vous parlez de votre vie de femme d’État, « au-delà du pouvoir ». Quel conseil donneriez-vous à celles qui aimeraient se présenter ?

Il faut d’abord savoir pourquoi on veut s’engager, et ce qu’on souhaite porter comme projet : travailler pour l’amélioration de l’environnement, l’égalité des chances ? On doit se demander en quoi on veut être utile. Ça va devenir un élément de motivation et un repère dans les moments les plus difficiles.

Ensuite, il faut se faire confiance et ne pas sous-évaluer nos connaissances, nos compétences ou nos qualités. Les femmes exigent trop d’elles-mêmes quand vient le temps de s’engager dans des fonctions politiques ou électives. C’est le syndrome de première de classe… Les femmes pensent qu’elles doivent « être parfaites » pour accéder à ce type de fonctions. De temps en temps, on doit se dire qu’on a autant de compétences que le gars à côté de nous qui veut se présenter.

Et puis, il ne faut pas avoir peur du pouvoir. On a l'impression que le pouvoir corrompt et qu’il faut faire trop de compromis. Au contraire, le pouvoir donne des ressources et une capacité à agir par rapport à des causes et des projets pour améliorer la société dans laquelle on vit.

Enfin, il ne faut pas avoir peur d’avoir de l’ambition. Souvent, l’ambition est un mot péjoratif quand on l’applique aux femmes. Un homme ambitieux, c’est quelqu’un qui sait où il s’en va, qui a des projets, qui veut aller loin, qui veut réussir. C’est comme si les femmes doivent servir seulement par bonté et grandeur d’âme. Pourtant, avoir de l’ambition, c’est rêver à un monde meilleur, c’est rêver de changer le monde et d’atteindre des sommets pour mieux faire avancer les idées auxquelles on croit.

Il faut aussi être capable d’écouter pour que ce que l’on propose soit mieux accepté et accueilli. En écoutant et en communiquant, on est capable de créer des liens avec les autres. Un leader, peu importe sa sphère d’activité, doit pouvoir mener des concertations pour réaliser des changements durables. « Collectivement, on doit soutenir les organismes et les regroupements de femmes qui travaillent sur le terrain et proposent des activités de formation. » - Pauline Marois


Vous avez été la première femme à devenir première ministre du Québec. C’est un cap inspirant pour beaucoup de jeunes femmes. Avons-nous une relève de personnalités publiques qui pourront jouer ce rôle d’envergure dans les prochaines années ? Qui sont les jeunes femmes qui vous inspirent dans notre actualité ?

Il y a de la relève. Je ne suis pas inquiète à cet égard !...

On a des figures marquantes dans toutes les formations politiques à Québec. Au Parti québécois, par exemple, Véronique Hivon est très inspirante. Je pense aussi à Méganne Perry Mélançon qui fait preuve d’une belle simplicité dans son engagement. Du côté du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade est une femme de couleur et fille d’immigrants qui a brisé plusieurs plafonds de verre. Du côté libéral encore, Marwah Rizqy ébranle parfois les colonnes du temple. Catherine Dorion, du côté de Québec Solidaire, se démarque aussi souvent. Ces femmes ont du talent.




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