Lara Emond, QuebecInnove, mai 2020
La problématique mondiale liée à l’accumulation de déchets plastiques a fait couler beaucoup d’encre en plus d’en inquiéter plus d’un. Et si la solution se trouvait dans cette startup de Québec qui propose une alternative à cette matière, entièrement biosourcée, issue de déchets industriels et compostable ? BOSK Bioproduits se spécialise dans les biopolymères, plus précisément dans la production de PHA (polyhydroxyalcanoates) par fermentation bactérienne de sources non exploitées de carbone industriel. BOSK commercialise des formulations de bioplastiques à base de PHA pour substituer leur homologue pétrochimique chez les manufacturiers d’objet de plastique. QuébecInnove s’est entretenu avec Laurence Boudreault, directrice générale de l’entreprise.
Pouvez-vous nous raconter les origines de BOSK Bioproduits ?
Laurence : « C’est à la suite d’une rencontre, il y a une dizaine d’années, entre mon père, Paul Boudreault, et le professeur Rajeshwar Dayal Tyagi à l’INRS, que BOSK Bioproduits est né. Ce dernier a découvert une technologie permettant de créer des biopolymères à partir de produits industriels non exploités et Paul a eu l’idée d’adapter cette technologie pour valoriser les bous biologiques des papetières. Paul avait trouvé un angle prometteur pour introduire la technologie sur le marché.
À ce moment-là, Paul avait commencé à me parler de son projet de commercialiser des bioplastiques compostables, mais je venais de commencer ma carrière professionnelle et je voulais continuer d’apprendre au sein d’autres organisations avant de me joindre à l’entreprise familiale. Cela dit, comme l’environnement est une cause qui me tient à cœur depuis que je suis toute petite, j’ai finalement décidé de rejoindre BOSK il y a 4 ans afin de diriger les volets commercialisation et marketing. J’avais une foule d’idées afin d’introduire le produit sur le marché. Lorsqu’on y pense, il y a du plastique partout autour de nous. Les opportunités sont innombrables et nous n’en sommes qu’à nos débuts. Nous sommes très fiers du chemin parcouru depuis. Nous sommes passés d’une technologie de laboratoire à un produit commercialisable. Et avec le démarrage imminent de notre première ligne de production de bioplastiques compostables, notre organisation passe à une autre étape ! »
Comment avez-vous bâti une culture d’innovation à l’interne?
Laurence : « Nous sommes constamment en train de mener des activités de recherche et de développement dans le but de réduire les coûts et améliorer les rendements de notre technologie. Nous cherchons principalement à améliorer le procédé de biofermentation du PHA, mais aussi à personnaliser des formulations de bioplastique pour qu’il puisse être utilisé par différents types de manufacturiers et qu’il réponde à une multitude de besoins. Cela dit, il faut aussi, à un certain moment, se lancer dans la commercialisation puisque si on attend d’atteindre la perfection, on risque de perdre de belles opportunités de parts de marché. »
Comment est-ce que vos collaborateurs vous ont aidé à innover ? Laurence : « BOSK Bioproduits est né d’une collaboration avec l’INRS : l’innovation fait partie de notre ADN. Depuis, nous avons également collaboré avec le CRIBIQ afin d’optimiser le procédé de fabrication de PHA ainsi que le centre de plasturgie à l’Université Laval afin d’optimiser les formulations tout en réduisant les coûts grâce à l’introduction de sous-produits du bois dans nos formulations de bioplastique. Dans le cadre de ce dernier projet, nous avons reçu une subvention Mitacs permettant à l’étudiant chercheur à la maîtrise de tester l’impact sur les caractéristiques de la matière suite à ce changement. » Après tout, puisque même le plastique a une durée de vie limitée et qu’ultimement il finira dans les sites d’enfouissements, dans les océans ou incinéré, l’innovation proposée par BOSK nous permet d’envisager un futur durable. Comme quoi parfois une recherche en laboratoire peut déboucher sur un nouveau marché fort prometteur et créer de la valeur tout en protégeant notre planète !
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