Lara Emond, QuebecInnove
Il y a 3 ans, Gaz Métro est devenu Énergir. Ce changement de nom, loin d’être anodin, n’était pas qu’une simple opération d’image de marque; il était nécessaire afin de réellement refléter les activités actuelles ainsi que la vision de l’entreprise. Quand on pense à des organisations innovantes québécoises, ce n’est peut-être pas le nom d’Énergir qui sort en premier. Toutefois, cette entreprise s’avère extrêmement audacieuse, surtout lorsqu’on sait qu’il y a un peu plus de dix ans, la presque totalité de ses activités était liée à la distribution de gaz naturel et qu’aujourd’hui, près de 50 % de ses actifs sont dans le domaine électrique et des énergies renouvelables.
Alors que le Québec relance son économie et que de nombreuses voix se font entendre pour que celle-ci soit verte, inclusive et durable, nous sommes allés à la rencontre d’une femme de coeur qui n’a pas froid aux yeux et qui s’investit dans sa communauté, à savoir Stéphanie Trudeau, Vice-présidente exécutive – Québec chez Énergir.
Énergir fait partie des acteurs clés de la relance. Au-delà de cet effort collectif, vous souhaitez contribuer à bâtir une société plus sobre en carbone. Quel est votre plan ?
« Avant même que la crise de la COVID-19 ne frappe, nous étions en train d’effectuer une mise à jour de notre planification stratégique afin d’établir la vision 2030-2050 à l’interne. Les événements des derniers mois nous ont permis de réaliser que nous œuvrons dans la bonne direction, mais surtout que nous faisons partie intégrante de la solution et ça, c’est motivant !
Cela fait presque 10 ans que nous avons amorcé une course de fond afin de trouver des manières de décarboner de façon intelligente au moindre coût possible afin d’aider les entreprises et les consommateurs à diminuer leurs émissions. Nous croyons fermement que c’est en utilisant la bonne énergie au bon endroit, au bon moment et ce, au meilleur coût possible, que nous parviendrons à relever ce défi. Puis, il est important de mentionner que c’est un enjeu sociétal et que la collaboration est clé si nous voulons que ce soit un succès et pas seulement un rêve, ce pourquoi Énergir travaille de pair afin de fédérer et former des coalitions avec les différents acteurs et parties prenantes impliquées.
Énergir souhaite décarboner son réseau essentiellement par trois moyens : par l’efficacité énergétique, le gaz naturel renouvelable (GNR) ainsi que par la complémentarité des réseaux gaziers et électriques.
« On voit que le tout porte fruit, en décembre dernier, l’organisme Efficacité énergétique Canada de l’université Carleton a classé le Québec 2e, tout juste derrière la Colombie-Britannique, dans son Bulletin des politiques provinciales en matière d’efficacité énergétique. Au chapitre des économies de gaz naturel et autres combustibles non réglementés, le Québec a conservé sa première place au Canada avec près de 1 % de la demande de gaz naturel en 2019 qui a été économisé, résultats auxquels Énergir a très largement contribué grâce à son offre de programmes de subventions en efficacité énergétique. »
Vous misez beaucoup sur le GNR. En quoi est-ce innovant ?
« De manière succincte, nous prenons un déchet, comme les déchets de table ou encore du purin, nous les valorisons, et ça devient de l’énergie. Ça nous permet, entre autres, de substituer du gaz qui vient de l’Ouest canadien par un produit local et renouvelable. Il s’agit d’un des meilleurs exemples d’économie circulaire. Une part grandissante de notre clientèle souhaite verdir sa consommation d’énergie et le GNR y contribue directement.
Il n’y a pas de changement d’équipements à prévoir pour les clients qui souhaitent consommer du GNR au lieu de gaz naturel. De plus, ça permet au Québec de rentabiliser son réseau gazier qui est pratiquement neuf et qui compte plus de 11 000 kilomètres. »
Vous êtes l’une des leaders féminines les plus en vue du Québec. Croyez-vous que les femmes innovent différemment ?
« Sans faire de la généralisation à outrance, les angles abordés par les femmes et les hommes sont souvent différents, mais complémentaires. Les femmes ont davantage tendance à mettre l’emphase sur les aspects sociétaux, amener une vision d’ensemble, avoir une approche empathique et chercher à collaborer. La majorité des hommes saisissent plus instinctivement les opportunités et sont enclin à aller de l’avant plus rapidement. Je crois que la diversité autour de la table favorise l’innovation. »
Énergir est une entité complexe comptant environ 1 600 employés. Comment avez-vous bâti une culture d’innovation ?
« À l’interne, plusieurs diraient que nous ne sommes pas si innovants. Cependant, innover, ce n’est pas que faire de la recherche et du développement. La preuve ? Notre plus grande innovation vient des changements que l’on a apportés à notre modèle d’affaires. Énergir a misé sur la diversification de ses activités et l’offre de solutions énergétiques à sa clientèle au courant des 15 dernières années. Et nous sommes passés d’une entreprise qui basait sa croissance sur les volumes vendus à une qui veut activement aider la société à se décarboner, notamment en laissant volontairement des volumes à Hydro-Québec.
De prime abord, ça peut sembler complètement illogique, mais nous avons confiance dans le rôle vital que nous pouvons jouer dans le développement économique de nos sociétés. À notre humble avis, nous sommes en avance sur notre industrie. Chez Énergir, nous allons continuer à penser l’énergie autrement. »
« Véritable force tranquille, Énergir poursuit sa transformation en misant sur le long terme. Pouvant compter sur le leadership, le courage et la vision de gens de talents tels que Stéphanie Trudeau, nul doute que ce fleuron québécois parviendra à atteindre ses cibles en efficacité énergétique, de réussir la transition vers le GNR et de maximiser les complémentarités entre les réseaux gaziers et électriques. »
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