Lara Emond, QuebecInnove, mai 2020
Martin et Rachel Le Moine avec la famille Pilotte cultivaient la canneberge conventionnelle depuis quelques années déjà quand en 1995 ils ont décidé de réorienter leurs activités vers une agriculture biologique afin d’être davantage en adéquation avec leurs valeurs sociales et environnementales; un projet qui devait être un ‘’à côté’’ pour occuper leur retraite dans le futur. À l’époque, ils vendaient leurs récoltes à de grands transformateurs nord-américains. Toutefois, lorsqu’ils ont présenté leur nouvelle offre, ces derniers ont démontré peu d’intérêt. Et ce fût l’événement déclencheur pour une belle aventure qui dure depuis 20 ans!
Présente dans plus de 50 pays, la croissance de Fruit d’Or a été possible entre autre grâce à leur culture de l’innovation. Ayant d’abord innové par rapport à leur modèle d’affaires, ils sont passés de la vente de fruits congelés à des fruits séchés. Semblant aujourd’hui banale comme transition, ils étaient les premiers sur le marché avec une offre de canneberges biologiques. S’en ait suivi une diversification afin de développer le secteur nutraceutique. Puis, en 2015, l’entreprise a lancé sa marque de petits fruits biologiques, Patience Fruit & Co qui est aujourd’hui vendue à travers l’Amérique du nord. Cherchant à constamment repousser les limites, ils ont lancé en 2020 une canneberge biologique sans sucre ajouté qui a gagné récemment 3 prix au concours Dux dont un comme précurseur dans sa catégorie. Et tout récemment, capitalisant sur ce nouveau produit, ils viennent tout juste de lancer SourCran, une nouvelle gamme de canneberges séchées au goût de bonbon sûr avec seulement 8 g de sucre par sac de 60g et qui est une source très élevée de fibres!
Un centre d’innovation
« Chez Fruit d’Or, l’innovation n’est pas une dépense, mais bien un investissement », précise le président de l’entreprise, Carl Blouin. Selon lui, une entreprise qui n’investit pas en recherche et développement va stagner et décroître. « L’innovation fait partie de nos valeurs et de notre culture », renchérit-il. C’est d’ailleurs ce qui a mené l’organisation à mettre sur pied un centre d’innovation, basé à St-Hyacinthe, pôle de l’agroalimentaire au Québec, afin de répondre à leurs besoins croissants. Ils ont même créé un poste de vice-présidence à la recherche et au développement afin de soutenir leurs activités et veiller au futur de Fruit d’Or. Le centre axe ses recherches autant sur la chimie alimentaire que sur les procédés de productions et les processus.
Misant sur la collaboration, ils ont eu l’appui de maints acteurs tels que la ville ainsi que le gouvernement afin de mettre sur pied leur centre d’innovation. Ils collaborent également avec l’Université Laval et l’Université de Guelph en Ontario en accueillant des étudiants à la maîtrise.
De l’idée au produit
Pour innover, Fruit d’Or emploie la technique du processus étapes-portes (Phase-gate process) qui consiste à diviser un projet d’innovation en phases distinctes séparées par des points de décision. Ainsi, à chaque « porte », l’équipe dirigeant le projet décide s’il en vaut la peine de poursuivre le tout.
Pour ce leader mondial, chaque nouveau produit part d’une idée. Afin de sortir deux ou trois produits, les équipes peuvent arriver avec près d’une trentaine de suggestions. Ces dernières se rencontrent régulièrement afin d’effectuer des remue-méninges par rapport aux produits futurs. De plus, Fruit d’Or n’hésite pas à impliquer ses clients dans le processus afin d’être davantage connectés aux demandes du marché. Ensuite, ils examinent les besoins en termes d’équipement et effectuent une étude de marché afin de valider la demande. Si le tout s’avère positif, l’étape suivante consiste à dresser des états financiers afin de déterminer s’il y aura toujours un marché au prix de vente visé. Dans le cas où la réponse semble favorable, Fruit d’Or effectue des tests de marché. Après quelques ajustements, le nouveau produit est lancé !
Pour Carl Blouin, l’important quand on innove, « ce n’est pas le nombre de fois qu’on met un genou à terre, mais bien de se relever. Par exemple, on s’est lancé dans l’eau d’érable il y a quelques années, mais ça n’a pas fonctionné. On était un peu avant notre temps. Toutefois, ça ne veut pas dire qu’on ne reviendra pas. Au final, tu fais des bons coups, des moins bons coups, mais l’important, c’est d’apprendre ! ».
Un autre élément qui distingue la culture de l’innovation chez Fruit d’Or, et qui est peut-être bien la clé de leur succès, est le fait que leurs équipes de marketing travaillent main dans la main avec celles de recherche et de développement. Ainsi, ils s’assurent de développer les bons produits au bon moment. Une chose est certaine, les Le Moine n’ont pas chômé et il semblerait que Fruit d’Or soit sur une belle lancée avec encore plusieurs produits en développement qui devraient arriver sur le marché très prochainement !
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