Lara Emond, Premières en affaires, hors-série mars 2021
Après une année pas comme les autres, les organisations font le bilan de la performance de leurs équipes de leadership et examinent leurs besoins en gouvernance. Lara Émond s’est entretenue avec Bertrand Richard, associé chez Spencer Stuart, basé en France, afin de discuter des questions reliées au recrutement de haut niveau à l’échelle internationale.
Aujourd’hui, les conseils d’administrations des 120 plus grandes entreprises françaises sont composés de femmes à 45 % et ce, grâce à la loi Copé-Zimmermann. Pouvez-vous nous parler de votre implication ainsi que des motivations des candidates à y agir en tant qu’administratrices ?
Spencer Stuart a été le cabinet le plus actif sur la féminisation des conseils d’administration français. Initialement, nous avons constitué un groupe de candidates françaises, mais il n’était pas suffisant. Nous avons donc fait un démarchage auprès de femmes francophones.
À ce jour, nous avons recruté plus d’une quinzaine de Canadiennes. Ça intéresse les candidates parce que ça leur donne une expérience ainsi qu’une perspective internationale.
Depuis, les groupes de candidates se sont fortement développés et les femmes ont acquis des expériences qui sont transférables dans d’autres conseils. Je dirais même qu’aujourd’hui, la place des femmes dans les conseils est acquise puisque même les plus sceptiques qui étaient contre les quotas doivent reconnaître leur apport.
Quels sont les effets de la pandémie sur la composition des conseils d’administration et le recrutement ?
Tout d’abord, on ne crée pas du tout la même atmosphère quand on se rencontre par visioconférence. Il est donc plus difficile de créer un esprit d’équipe, surtout dans les cas où il s’agit d’un nouvel administrateur. De plus, la discipline nécessaire pour la conduite de la réunion est contraire à la spontanéité et à la réactivité.
Quels grands changements devrait-on observer dans les prochaines années?
La responsabilité des administrateurs est de plus en plus grande. On s’attend aujourd’hui à ce qu’il y ait davantage d’interactions entre les administrateurs et les équipes de direction afin de définir la stratégie de l’organisation. L’administrateur devient un partenaire dans la définition des orientations stratégiques. Il ne fait pas juste les approuver. Il doit donc avoir une compréhension des enjeux stratégiques sans pour autant s’immiscer dans la gestion courante.
Rappelons que le rôle premier d’un conseil, c’est de supporter le management, surtout dans l’adversité. Ensuite, il doit être capable de le contester et de le questionner afin de s’assurer que ce dernier a bien analysé l’ensemble des paramètres. En agissant ainsi, il l’aide à progresser et le supporte. Parfois, cela implique de poser des questions qui font mal. Les administrateurs doivent être en mesure d’intervenir au bon niveau pour ne pas perturber la légitimité du management vis-à-vis des équipes et des parties prenantes. Enfin, le conseil doit être courageux et être en mesure d’affirmer, si tel est le cas, qu’il s’est trompé. •
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